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samedi 9 janvier 2021

Accepter les difficultés et les échecs pour mieux rebondir

Si l'on veut avancer il faut accepter que nous ne sommes pas parfaits. Que ce que nous sommes aujourd'hui est le résultat de choix et de non choix. 

Mais si étant jeunes nous n'avons pas toujours pu choisir par nous-même notre mode de vie ou nos études, nous pouvons tous choisir la vision et les valeurs avec lesquelles nous voulons avancer. 

Pour ma part, j'essaye d'accepter les choses que je ne peux changer, le courage de changer les choses que je peux et tente d'avoir la sagesse d'en connaître la différence... Mais cela n'est pas toujours facile.

Je pense qu'il faut pouvoir parler de ses échecs si l'on veut libérer la parole autour de soi et que les jeunes prennent conscience de leur capacité à s'en sortir.

C'est pour cette raison que j'ai décidé de vous livrer certaines de mes difficultés et challenges qui font celle que je suis aujourd'hui et que je veux tendre la main aux jeunes comme heureusement on me l'a aussi souvent tendue car j'ai su exprimer mes besoins. Mais il m'a parfois manqué un soutien plus psychologique que purement pro. 

1992: j'ai 10 ans, mes parents divorcent. Mon père perd son travail et sombre dans la dépression et les difficultés qui en découlent. Le début du collège n'a pas été simple. C'est vers la 3e que j'ai commencé à trouver un peu plus ma place bien que le climat familial n'ait pas été de tout repos pendant ma scolarité.

2000: je passe mon Bac ES et je rêve de découvrir le monde et de m'émanciper. J'ai la "rage" contre mes anciens camarades de collège/ lycée de banlieue chic qui n'ont pour la plupart d'autres préoccupations que leur avenir brillant et leurs futurs "jobs de rêve". Pour moi ce n'est pas l'argent des parents qui doit déterminer si je vais réussir. Je choisis le BTS CI par conviction que c'est le cadre qui me convient. J'entre dans un lycée public de renommée dans mon département et je rencontre enfin d'autres élèves comme moi, dans ma tête je me dis "enfin de vrais gens"... Je rencontre des jeunes de tous les quartiers, les bons et les moins bons, nous sommes riches de cette mixité et de ces partages. Nous sommes pendant deux ans une classe unie et j'ai gardé plusieurs vrais amis de cette époque. 

2002: je finis mon BTS. Ce fut la meilleure période de ma scolarité. Les stages en entreprise et à l'étranger m'ont fait grandir. Tout ce que je sais faire en tant que professionnelle aujourd'hui, je le dois à cette formation et ses enseignants.

2003: je ne veux pas des équivalences avec la fac de mon quartier pour arriver en AES, je veux aller en fac de langues à Paris. Et je ne veux pas qu'on me cantonne à redoubler une année au prétexte que je viens d'un BTS (et de banlieue). Je défends donc mon dossier malgré la réticence de la personne qui me reçoit à Paris 3 Sorbonne Nouvelle pour une admission en licence LEA Affaires & Commerce. J'ai eu de très bonnes notes en langues, j'ai un bon dossier et j'ai confiance en mes capacités. J'ai la chance que la professeur qui valide les dossiers d'équivalence ait enseigné dans un autre BTS CI par le passé et elle me fait confiance tout en me prévenant que ce sera dur. Et elle avait raison. Bien entendu qu'arriver en 3e année quand tous les autres élèves ont eu 2 ans intensifs de langue et littérature serait difficile. Je m'en doutais. Mais je me doutais également que sur des matières plus techniques j'aurai mon avantage. J'ai donc réussi à valider ma licence en compensant sur les matières que mes camarades connaissaient moins et en décidant de partir en Allemagne pour mon stage étant donné que c'est dans cette langue que je rencontrais le plus de difficultés. En parlant de ce stage... Trouvé sur internet au détour d'une offre d'emploi pour un job de vendeuse pour Pronuptia, société française de robe de mariée. J'ai appelé en me proposant comme solution alternative : une stagiaire leur coûterait moins cher et une française à la boutique de Hambourg, cela leur donnerait une bonne image. La patronne a été sensible à mon argumentaire, j'ai été prise. Je n'avais pas de solution de logement alors je lui ai demandé de l'aide et elle m'a trouvé une chambre chez l'une de ses amies... qui est devenue une amie de ma famille depuis.

2004: de retour de stage je veux continuer à me perfectionner en allemand. Je décide de monter un dossier pour une bourse Erasmus. Vu que je m'y suis prise tard il ne restait plus beaucoup de choix. Les grandes fac comme Berlin étant déjà surbookées j'accepte la place proposée à Sarrebruck. Mon petit ami de l'époque (rencontré en BTS) n'a bien entendu pas très bien pris la chose cependant mon avenir restait ma priorité aussi je suis partie... et il m'a suivie quelques mois plus tard. Je travaille comme vendeuse, serveuse, donne quelques cours de français pour me faire de l'argent de poche. Pour valider l'année je devais à nouveau trouver un stage. Lors d'une présentation des entreprises locales à la fac, le ministère de l'économie du Land de Sarre participant à l’événement, je suis allée leur demander si je pouvais faire un stage dans leurs services de coopération européenne. Il n'y avait pas de poste de stage ouvert mais... avec beaucoup de conviction, on m'a acceptée au service qui gérait les échanges transfrontaliers. Cela m'a permis de constater que la fonction publique est trop lourde administrativement pour moi mais je garde un bon souvenir de ma collègue/tutrice toujours gentille et bienveillante envers moi.

2005: de retour d'Allemagne, j'ai toujours la bougeotte. Je m'inscrits à plusieurs DESS (Master 2) à Paris et Avignon où j'avais possibilité de loger dans ma famille. Je suis acceptée à Avignon et mon petit ami aussi donc nous partons. Je travaille comme caissière dans un petit magasin pour nos frais quotidiens. Pour le stage de fin d'étude, pas de stage intéressant dans le sud, nous rentrons sur Paris. Je renoue avec plusieurs anciens patrons et tuteurs. J'ai plusieurs offres de stage. Je choisis celle dans une entreprise où l'une des anciennes élèves de ma fac avait réalisé des missions intéressantes, notamment organiser et accompagner le déplacement de la Direction sur un salon en Allemagne. 

Après stage suivi d'un CDD dans la même société qui ne peut m'offrir un CDI, je relance une ancienne patronne de stage de BTS: bingo, je décroche mon premier vrai CDI!  Nos chemins se séparent avec mon petit ami de BTS; je lui souhaite d'être heureux. 

2010: 5 ans plus tard la société pour laquelle je travaille subit la crise, je suis licenciée économique. Ce qui me brise le cœur c'est de quitter un job, des clients, des collègues et un quartier que j'aime. 

2011: je finis par accepter un job sur Roissy après avoir fait du bénévolat et profité un peu de quelques mois de chômage et faire un "break" pour la première fois de ma vie. Roissy c'est dur, c'est loin, c'est gris et triste mais le job est intéressant donc je m'accroche. Un an plus tard j'ai l'opportunité de retourner dans le milieu de la mode. J'accepte alors que je suis enceinte et que j'habite loin. Grosse erreur, je vis mal de laisser ma fille de 8 semaines pour courir à l'autre bout de Paris. Je redémissionne et retourne auprès de mon patron de Roissy. 1 an plus tard la société est rachetée... le bureau ferme, mon équipe est licenciée. On me propose un poste dans l'entreprise qui reprend. C'est dur et les équipes ne sont pas tendres avec moi.

2015: les attentats, une amie de fac grièvement blessée par balle au Bataclan. Je m'engage dans la Réserve Citoyenne de l'Education Nationale.

2017: je ne veux plus subir et reprendre ma vie en main, je démissionne et quitte Paris. Je renais au vert et veux reprendre mes actions une fois installée.

2020: confinements, assassinat de Samuel Patty, il est urgent d'agir pour la jeunesse et de mobiliser nos concitoyens car chacun peut partager son expérience et aider les autres: n'abandonnons pas nos enfants, ils sont notre avenir.

En espérant que mes échecs vous donnent la force de croire en votre potentiel...

Merci à mes parents qui ont toujours cru en moi et m'ont laissée libre de mes choix.

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